En 2017, Manu Galure avait 10 ans de carrière solo derrière lui...

Voilà 10 ans que Manu Galure chante.

On l’a vu seul en scène ou avec des musiciens, on l’a vu utiliser des instruments étranges, on l’a vu jouer du piano beaucoup, on l’a entendu crier et taper du pied, où encore en première partie des concerts de Jacques Higelin, de Thomas Fersen ou d’Anne Sylvestre.
10 ans c’est trois albums aux couleurs si différentes que l’on a peine à croire qu'ils sont du même auteur-compositeur. Du plus simple piano- voix capturé en public jusqu’aux sonorités électros du dernier opus, un autre enregistré avec la complicité de Juliette, le plus petit dénominateur commun est certainement un goût pour l’exploration et un brin de folie.
Sur scène, le même grand écart, tantôt feux d’artifice et jeux de lumières, tantôt des chansons juste croquées au piano, près d’un millier de concerts, des chansons pour d’autres, un spectacle pour enfants et même des tubes à la télévision.
Pour fêter les 10 ans d’une carrière aussi atypique, il fallait un projet fou. Le 22 septembre 2017 il part de Toulouse à pied, pour une aventure de plus de deux ans.
Le but : chanter tous les 20 km, n’importe où, et revenir chez lui après un Tour de France en chansons.

Le bout du Tour

Crédit photo © Fabien Espinasse

Au compteur, 10.000 km parcourus, plus de 350 concerts dans des salles de spectacles, des bistrots, chez les gens et dans bien d’autres lieux insolites. Une tournée sans précédent, à la rencontre des spectateurs, et une démarche qui marque les esprits.
Car c’est une autre manière de faire de la chanson : à l’image du troubadour ou du poète errant, perpétuant la tradition des artistes vagabonds qui jouent partout où l’on veut bien d’eux, qu’il pleuve, qu’il vente où qu’il neige. Une occasion de réapprendre le métier, de chercher des chemins différents et d’écrire des choses neuves.
Le “Tour de France à pied et en chansons” s’est achevé le 21 décembre 2019. Les résultats sont là : du public dans tous les coins de France, des dizaines de nouvelles chansons, et beaucoup, beaucoup d’histoires à raconter.
C’est dans cet élan que Manu Galure prépare la suite : un nouveau disque, un nouveau spectacle et une nouvelle aventure.

Vertumne «saison 4», le disque

Crédit photo © Fabien Espinasse

Écrit sur les chemins pendant plus de deux ans, le quatrième disque de Manu Galure pourrait être un récit de voyage, ou la peinture d'un paysage, ou bien un film d’aventure. C’est un peu tout ça, une promenade où l’on rencontre des sangliers qui vous mangent les pieds, des pompiers de Cherbourg, des éclipses solaires et des pique-niques sur la lune. Des pluies qui rendent fou, des lits trop petits et des pingouins qui puent, ou des arbres qui doublent des chanteurs. On y entend les saisons qui passent, le vent mauvais, on y devine les dessins dans les nuages et le bruit des ricochets sur l’eau. L’écriture est toujours aussi exigeante mais légère, le rire est franc mais acide, la tristesse est une consolation et le sourire est malicieux. En auteur habile et rusé, Manu Galure prend des détours joyeux pour faire entendre le chaos du siècle.
Les sonorités du disque se font l’écho du foisonnant mélange des histoires. Il fallait enrichir le piano-voix, l’harmoniser mais sans l’alourdir, préserver l’authenticité des chansons mais leur ajouter de la matière. Le « piano préparé » est une technique qui modifie le son original de piano à l’aide de scotch, de papier, de clous ou de pinces à linge : c’est de la bidouille. Le piano devient un orchestre : des notes percutent, d’autres vibrent, grincent, frisent, on croit reconnaître un marimba puis, un violon, ou un bidon rouillé. En utilisant les multiples préparations de pianos droits, de pianos à queue, pianos crapauds et autres pianos insolites, le nouvel album de Manu Galure est une exploration étrange et réjouissante, un paysage curieux de bruits et de notes dans lequel vivent des histoires.

«Galure, deux pianos», la tournée

Sur scène, un piano à queue et un piano droit.

Crédit photo © Fabien Espinasse

Manu Galure et Lorenzo Naccarato se font face. On les voit trafiquer dans les cordes, désosser les instruments, cogner, scotcher, et chaque chanson surprend par des sonorités nouvelles et des bruits étranges. Si écouter des pianos préparés est une expérience surprenante, observer des musiciens traiter leurs instruments comme un atelier de bricolage est un moment réjouissant. On retrouve Manu Galure toujours aussi électrique, toujours aussi fou, qui joue du pied, du coude, et qui grimpe sur les pianos, mais installe, avec délicatesse, entre deux instants de fracas, une douceur et une tendresse qu’on ne lui soupçonne pas.
Un piano à queue et un piano droit sur scène, c’est un défi. La tournée « Galure, deux pianos », à l’image du Tour de France à pied et en chansons, se veut tout- terrain, et peut se jouer partout : dans des salles de spectacles comme chez l’habitant. Les pianos sont modifiés : donnez-leur une vilaine salle des fêtes et deux prises de courant, ils vous en font un beau théâtre !

L’équipe aux côtés de Manu

Crédit photo © Fabien Espinasse

Lorenzo Naccarato

Après avoir étudié pendant dix ans le piano classique, Lorenzo Naccarato commence en 2007 à Toulouse un parcours universitaire en musicologie, spécialisé en jazz et musiques improvisées. Il mène un projet de recherche autour de Thelonious Monk et participe à des master class, notamment sous la direction d'Enrico Pieranunzi, de Claude Tchamitchian et d'Andy Emler, dont l'influence sera déterminante dans son approche de la composition et du jeu en groupe.
Il développe ainsi un répertoire de compositions pour piano solo et pour trio (piano–contrebasse–batterie), et fonde le Lorenzo Naccarato Trio en 2012. Sollicité par la revue franco-italienne Radici, Lorenzo réalise les arrangements musicaux d'un spectacle sur les BO du cinéma italien. La Cinémathèque de Toulouse lui a récemment confié la création de deux ciné-concerts. À l'initiative du Festival littéraire Le Marathon des mots, il propose également depuis 2017 des concerts-dessinés en duo avec l'illustrateur Bruno Liance, retraçant la vie de Nina Simone et de Thelonious Monk. Depuis 2016, il a rejoint le Label Laborie Jazz, avec qui il continue à développer son projet en trio.

Simon Chouf

Déjà partenaire de Manu Galure dans des aventures musicales précédentes, Simon Chouf a quelques centaines de concerts à son actif en solo et en groupe.
Il prépare un nouveau répertoire à découvrir d’ici un an ou deux et se consacre actuellement à un nouveau rôle de régisseur-acteur pour le spectacle Vertumne.
Il s’entraîne au bricolage depuis deux ans dans une grande maison dont il a fait l’acquisition et met cette expérience à profit pour trafiquer les pianos et organiser les voyages du groupe.

Philippe Pagès

Fondateur et directeur de la salle de spectacle toulousaine, Le Bijou, de 1987 à 2013, Philippe Pagès a connu Manu Galure à ses débuts, a programmé les P’tits Thommes et les premiers spectacles en solo de Manu Galure. Depuis qu’il a cédé le Bijou (place aux jeunes), il participe à la programmation du festival Détours de Chant et a pris la responsabilité de l’administration de l’association « Le Cachalot Mécanique » pour organiser la tournée à pied de Manu Galure puis, ce nouveau projet.